Le mois de juin est l’occasion en or de profiter du retour de la chaleur et du beau temps, pour mettre son nez dehors tard le soir et observer les étoiles.
Même si les nuits sont les plus courtes de l’année — le solstice d’été aura lieu le 21 juin à 11h54 HAE — il n’en reste pas moins que la douceur du temps et les soirées à l’extérieur sont propices à la découverte du ciel étoilé. Bon d’accord, les mouches et autres diptères seront de la partie, mais que sont-ils devant l’immensité de la voûte étoilée ?
Alors quoi voir ? D’abord, plein de constellations. Comment les repérer ? Grâce à la Grande Ourse ou, plus précisément, l’astérisme bien connu de la grande casserole. Un astérisme est une figure remarquable dessinée entre les étoiles pour les identifier plus facilement. En ville, il est difficile de bien voir les quelques 216 étoiles de la Grande Ourse; en revanche, il est bien plus aisé d’en repérer les sept plus brillantes, celles qui dessinent justement la grande casserole. La Grande Ourse est une constellation circumpolaire, c’est à dire qu’elle ne se couche jamais sous nos latitudes et qu’elle est donc visible toutes les nuits : grâce à elle, nous allons pouvoir découvrir quatre autres constellations présentes dans le ciel en juin.
À cette époque de l’année, à la tombée de la nuit, vous trouverez la grande casserole très haut au nord-ouest. En prolongeant vers le sud l’arc de cercle du manche de la casserole, vous tombez directement sur Alpha du Bouvier, ou Arcturus, quatrième étoile la plus brillante du ciel nocturne. Son nom vient du grec ancien : « gardien de l’ourse » ! La constellation du Bouvier s’étend vers le nord-est et son astérisme ressemble à une cravate inversée dont Arcturus, une belle géante rouge, situe le nœud. On peut aussi facilement l’identifier à un cerf-volant. En fait, la forme de cette constellation pourra en laisser plusieurs songeurs; elle représente tantôt un paysan laboureur, tantôt un inventeur de la charrue… Par les nuits d’été à profiter des étoiles, les pieds pendants au bout du quai, je préfère penser à la version qui décrit cette constellation comme étant un cultivateur nommé Icarios, qui autorisa Dionysos (le Bacchus des Romains) à inspecter ses vignes; en retour, ce dernier lui révéla le secret de la fabrication du vin…
Déplacez maintenant votre regard légèrement vers l’est (la gauche), où l’une des plus belles constellations de l’hémisphère Nord s’offre à vous. Il s’agit de la Couronne Boréale, une sorte de magnifique lettre « C » couchée à l’horizontale qui dessine une couronne et dont l’étoile centrale, Alphecca, forme le diadème. La déesse Aphrodite l’offrit à la titanide Téthys en cadeau de noces. Dionysos — encore lui ! — l’envoya dans le ciel pour séduire Ariane.
Enfin, immédiatement à l’est (à gauche) de la Couronne Boréale, la constellation d’Hercule s’impose dans cette partie du ciel avec un trapèze d’étoiles qui vient souligner la carrure du demi-dieu. Sous son aisselle droite, on devine à l’œil nu l’amas globulaire M13, regroupement de plus de 500 000 étoiles quasiment aussi vieilles que notre propre Galaxie : au télescope, le spectacle est de toute beauté !
Revenons à notre grande casserole. Prolongez de cinq fois vers le nord la distance entre les deux étoiles formant le côté du récipient opposé au manche : vous trouverez ainsi l’étoile Polaire, centre de rotation apparent de toutes les étoiles du ciel, et extrémité de la petite casserole, astérisme de la Petite Ourse.
Les planètes de juin
Les soirées de juin seront votre dernière chance de repérer Mars avant l’automne. En effet, le Soleil est en voie de rattraper la planète rouge, qui apparaît de plus en plus bas au crépuscule : à la mi-juin, une heure après le coucher du Soleil, vous la trouverez en direction ouest-nord-ouest, moins de 10 degrés au-dessus de l’horizon, et elle disparaît complètement vers 22h30. Mercure effectue une apparition intéressante dans le ciel du soir ce mois-ci. Scrutez l’horizon ouest-nord-ouest aux jumelles, 30 minutes après le coucher du Soleil : la petite planète vous apparaîtra comme un petit point de lumière dans les couleurs du crépuscule. Mercure et Mars se rapprochent de soir en soir, et seront en conjonction après la mi-juin : mois d’un tiers de degré les sépare le soir du 18. En ce moment, Mercure est nettement plus brillante que Mars.
Jupiter est à l’opposition le 10 juin, diamétralement opposée au Soleil dans le ciel. La planète géante se lève donc au sud-est lorsque le Soleil se couche, culmine au sud en milieu de nuit, et se couche au sud-ouest au lever du jour. L’autre planète géante, Saturne, se trouve en ce moment une trentaine de degrés plus à l’est. Elle suit donc Jupiter dans le ciel avec un retard d’environ deux heures.
Vénus, quant à elle, se lève moins d’une heure avant le Soleil. 20 minutes avant le lever du jour, on retrouve la brillante Étoile du Matin moins de 5 degrés au-dessus de l’horizon est-nord-est. Le matin du 1er juin, le croissant lunaire repose 6 ½ degrés à droite de Vénus, au ras de l’horizon est-nord-est.
La Lune pourra d’ailleurs nous servir de pointeur pour identifier les autres planètes. Le soir du 4 juin, on retrouvera le mince croissant de Lune 5 ½ degrés à gauche de Mercure. Le soir du 5, le croissant lunaire sera 5 ½ degrés en haut et à gauche de Mars. Le 15 juin, vers 23 heures, la Lune gibbeuse croissante sera juste à l’ouest (à droite) de Jupiter. Le lendemain soir, 16 juin, la Lune sera pleine (elle atteint cette phase précisément à 4h31, heure de l’Est, le matin du 17), et elle brillera juste à gauche de la planète géante. Enfin, le soir du 18 juin, toujours vers 23 heures, la Lune gibbeuse décroissante reposera juste sous Saturne.
David Saint-Jacques
La fête de la Saint-Jean marque le retour sur Terre de David Saint-Jacques. Il quittera la station spatiale internationale (SSI) le 24 juin après 203 jours passés en orbite. Cette durée fait de lui l’astronaute canadien ayant passé le plus de temps en une seule mission sur la SSI ! On a bien hâte de le revoir !
Bonnes observations !